Retours sur le premier Séminaire des formateurs du Réseau

Écrit par aGuibert
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Quelle que soit la forme qu’elle prend, la transmission est au cœur des collectifs du réseau : les dynamiques associées aux semences paysannes impliquent la circulation des savoirs et des savoir-faire, qu’elle soit formelle ou non, collective ou individualisée, institutionnelle ou interne… Toutes ces formes co-existent et reflètent elles aussi la biodiversité que nous cultivons.

C’est lors de l’Assemblée Générale de 2017 que la formation a été identifiée comme axe fort pour développer les semences paysannes sur le terrain. Les principaux axes de travail alors identifiés concernaient les outils de mise en réseau et de mutualisation (catalogue de formation, mise en ligne de supports de formation conçus par le RSP, …) et l’interconnaissance des acteurs dans les territoires.

C’est ainsi qu’est né en 2018, le Groupe de Travail Formation, ayant pour mandat la conduite des réflexions à mener autour de la mutualisation d’outils pédagogiques (partage, échange et co-construction), du cadre déontologique, de la démultiplication des formations en région… Courant 2018, une consultation des membres du réseau a été menée sur leurs besoins et ressources en formation. Les résultats ont pu alimenter les missions du groupe de travail.

Lors de son premier rassemblement, en avril 2019, la groupe de travail a fait le bilan des besoins et des opportunités, des possibilités de mutualisation, et s’est défini plusieurs missions, parmi lesquelles émergeait l’organisation de formations de formateurs, favorisant les échanges de pratiques. Après validation par le CA, cette initiative a été conduite par Charlotte, animant le groupe de travail, puis relayée par Madeline, et rendue possible par le soutien de la Fondation pour le Progrès de l’Homme, accueillant le séminaire à la Bergerie de Villarceaux (dans le Val d’Oise).

La mission a été confiée à Laurence Brunier, formatrice de formateurs depuis plus de 20 ans, qui s’est progressivement orientée vers les méthodes de pédagogie active et s’intéresse de près aux sciences cognitives.

Bien que la commande formulée en amont par le RSP ait pu sembler floue, avec un objectif de « faire émerger une culture commune », de « favoriser l’interconnaissance » ; bien que le programme proposé par la formatrice ait pu, lui aussi, laissé certain.e.s dubitatif.ve.s, puisqu’il n’est pas vraiment possible de décrire en amont les outils participatifs (comme leur nom l’indique, leur déroulé est en partie entre les mains des participants !) … malgré tout ça, les paysans, formatrice.teur.s et animatrices qui sont venus en ont eu pour leur compte, s’il.elles. craignaient de rester passifs pendant 2 jours, aucun risque : avec Laurence, on fait dans la pédagogie active !!

Mais kézako ?

Plutôt que de longs discours, voici quelques informations précieuses qui posent les bases de cette approche pédagogique :

- les rythmes chronobiologiques : notre attention est disponible surtout dans la matinée, après une petite phase de "réveil pédagogique" (genre méteo/besoins/rappels des dernières sessions), et avant la phase de descente due à l'appétit (on connaît tou.te.s ça, c’est l’heure où on entend les ventres gargouiller !), ensuite l’attention est aussi disponible en milieu d'après-midi, après la phase de reprise, où il est vivement conseillé de trouver un outil qui fait bouger !

- quelques données issues des sciences cognitives :

    quand on lit, on retient 10%

        quand on entend, on retient 20%

             quand on voit, on retient 30%

                 quand on voit et entend, on retient 50%

                     quand on dit, on retient 80%

                          quand on dit et fait, on retient 90%

En résumé, ces approches pédagogiques (actives, participatives...) sont d'autant plus efficaces qu'on parvient à y intégrer les stagiaires !

Et, cerise sur le gâteau, la pédagogie active, par la rupture qu’elle crée avec le modèle « top-down », de transmission de savoirs de « haut en bas », du schéma classique de l’expert sachant et des stagiaires recevant, pour tout ça, résonne avec cohérence avec la démarche d'horizontalité dans laquelle s’est engagé le réseau.

Il n’a pas été question que d’outils ludiques et participatifs, Laurence nous a également transmis des savoirs théoriques sur les méthodes de conception d’une formation. Que ce soit pour les novices ou pour les formatrice.teur.s expérimenté.e.s (une belle brochette diversifiée, de 25 à 65 ans !), ces apports sont précieux : ils favorisent le séquençage de l’intervention et permettent de définir la cohérence des sujets à aborder, leur priorisation, le temps à y accorder ainsi que les méthodes et outils pédagogiques les plus appropriés.

Cette rencontre nous a permis de vivre ensemble, en tant que stagiaires, des outils d’animation, qui ont semé en chacun.e de nous les graines de futurs ateliers. La première journée a fait émerger le besoin de partager des outils ludiques de transmission : nous nous sommes donc retrouvés en soirée, après le repas, pour partager tout ça, et le premier outil co-construit au sein du réseau est né !!!

Rendez-vous aux prochaines rencontres pour le découvrir !

Comme dirait Daniel: "il faut qu'on vive tous ça"!!!

Et quelques témoignages :

« Le partage d'expérience détient certainement une grande partie des réponses aux problématiques des paysans. Réussir à sensibiliser les paysans à la richesse de cette construction collective du savoir est un défi passionnant. »

Hélène, animatrice-technicienne pour l’association Graine de Noé (21)

 

« Le plus important que j'ai appris c'est que pour mener à bien une formation, il faut absolument faire participer au maximum les personnes à qui l'on veut communiquer des informations. Réussir à créer une synergie entre tous en utilisant des moyens pédagogiques adaptés au personnes accueillies. » - Jean-Martial, paysan maraicher, formateur en parcours d’installation (35)

 

« Ce furent 3 jours très enrichissants et je pense que chacun, quel que soit le niveau avec lequel il est arrivé, est reparti avec l'envie de mettre en pratique au moins une des techniques qu'il a apprises. Pour ma part, j'ai envie d'utiliser les réveils pédagogiques, de séquencer plus mes journées de formation en salle, de mettre les stagiaires en mouvement, d'utiliser des images… Y'a plus qu'à ! » - Valérie, formatrice indépendante (26)

 

« Trois jours pour nous rendre compte que la culture commune dans la transmission, elle existe de fait dans le réseau : partager et faire partager » - Daniel, éleveur-meunier, accompagnant BPREA Paysan du grain au pain (81)

 

Madeline Carlin