À Rouen, pour créer leur pain bio normand, ils lancent une campagne de financement participatif

Écrit par Vanessa G
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L’association rouennaise Triticum souhaite acquérir un four à bois pour développer un pain bio normand à partir de blés anciens. Elle lance une campagne de financement participatif. À vot’ bon cœur !

article triticum1Simon Bridonneau, président de l’association Triticum, lors de la première récolte de blés anciens réalisée en juillet 2020 - PN

Pour l’association Triticum, trouver du blé devrait être naturel. Mais à défaut d’un ruissellement miraculeux des richesses, l’association signifiant blé en latin, a lancé une campagne de financement participatif pour l’achat d’un four à bois. Là où les sceptiques railleront de doux rêveurs anti-progrès, les membres de Triticum ont, bien au contraire, compris l’urgence de se réapproprier notre alimentation.

À l’origine, il y a la semence. Depuis sa création il y a deux ans, l’association installée dans l’agglomération rouennaise est partie à la reconquête des blés anciens, effacés par des décennies d’agriculture intensive.

 Des blés semés dans la région de Rouen

L’objectif est de « collecter, semer, observer puis transmettre des semences mais aussi des savoir-faire », présente le président Simon Bridonneau. Après avoir créé la première Maison des semences paysannes en Normandie en 2019, l’association poursuit son travail de collection de semences libres de droits et de recherche.

En juillet 2020, les bénévoles moissonnaient à la main leur première récolte de blés anciens« En un an, notre catalogue est passé de 80 variétés de céréales à paille à 150 », indique le cofondateur. Des variétés semées dans des champs de l’agglomération rouennaise et distribuées en petites quantités à des agriculteurs bio dans le cadre de l’entraide agricole.

 Des masterclass de boulanger 

Pour une association souhaitant faire émerger une farine et un pain bio normand, l’acquisition d’un four est un prérequis. « Avec le premier palier à 12 000 € que nous espérons atteindre [le second étant fixé à 18 000 €], nous achèterons le four, les accessoires et la remorque car il sera mobile. Mais cela financera également des ateliers pratiques d’actions et de sensibilisation. Il y a un transfert de connaissances essentiel à réaliser, insiste Simon Bridonneau. Reboulanger à la main des variétés anciennes, cela s’apprend. » Ces ateliers s’adressent donc au grand public curieux et aux professionnels, ces paysans-boulangers, cherchant la qualité pour faire du bon pain.

Avec ses céréales, l’association, forte d’environ 250 adhérents de toute la région normande, travaille sur plusieurs projets :

« Nous avons dix-huit orges brassicoles, plusieurs brasseurs nous ont rejoints pour faire des tests. D’autres blés sont très bien pour faire des pâtes. » Le four à bois servira donc à cuire des pains mais aussi des pizzas ou des fougasses. Il se déplacera dans les différents sites fréquentés par Triticum et notamment les 6 000 m² que l’association gère au sein de la ferme pédagogique des Bruyères.

Au 9 juin 2021, l’association avait récolté plus de 5 000 € sur 12 000 €. La campagne de financement participatif se termine début juillet.

article triticum2Le financement participatif vise à l’achat d’un four à bois


Petit à petit, la loi évolue

La loi suit, à son rythme, l’évolution de la société. Une nouvelle étape validant la démarche entreprise par les associations comme Triticum sera bientôt franchie. « À partir de janvier 2022, la vente de semences non inscrites au catalogue à des agriculteurs bio sera autorisée », indique Simon Bridonneau.

Une seconde étape importante après que la France a autorisé en juin 2020 la vente de semences paysannes à des jardiniers amateurs. Les semences libres de droits sont des semences non brevetées et donc non inscrites au catalogue officiel des espèces et variétés végétales. Ce registre liste depuis 1932 toutes les variétés de semences autorisées à la vente et répondant à des critères pensés pour l’agriculture conventionnelle. Un système obligeant les agriculteurs à acheter à répétition les semences aux multinationales propriétaires.