Assemblée nationale, Première séance du mardi 14 avril 2015 : Questions au Gouvernement, Destruction de cultures expérimentales

Niveau juridique : France

M. le président. La parole est à M. Marc Laffineur, pour le groupe de l’Union pour un mouvement populaire.

M. Marc Laffineur. Monsieur le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, depuis 2005, le Maine-et-Loire est reconnu pôle de compétitivité mondial sur le végétal – c’est, à l’époque, Dominique Bussereau qui était venu nous annoncer sa labellisation. Dans ce cadre, nous hébergeons le groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences – GEVES – qui a pour mission d’évaluer les nouvelles variétés dans la perspective d’en autoriser la production et la commercialisation. Le GEVES, qui dépend de votre ministère, travaille également en étroite collaboration avec l’Office communautaire des variétés végétales qui se trouve à Angers.

Ce dimanche 5 avril, une cinquantaine de délinquants sont venus sur les terres du GEVES, à la Pouëze, pour y détruire les cultures de colza. Ce n’était pas des OGM, ce n’était même pas du colza obtenu par mutagénèse, qui existe d’ailleurs dans la nature. Ces voyous ont détruit plusieurs années de travail et de recherche. Petit à petit, toute la recherche végétale quitte la France, alors que nous étions, il y a vingt ans, en avance dans ce domaine. Les obtenteurs se détournent de notre pays pour obtenir leur classification, et vendent ensuite leurs semences dans l’hexagone. Ce sont des dizaines de milliers d’emplois que nous avons déjà perdus.

Ce colza peut être cultivé avec moitié moins d’herbicides : vous imaginez les bénéfices pour l’environnement. Or, ces individus sont soutenus par une partie de votre majorité ! Ils détruisent notre capacité de recherche.

M. Bernard Perrut. C’est une honte !

M. Marc Laffineur. Monsieur le ministre, que comptez-vous faire pour empêcher cela et condamner ces voyous qui détruisent et saccagent le travail de tant de chercheurs ? Notre agriculture a besoin de cette recherche pour se développer. C’est vital ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement.

M. Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le député, vous avez évoqué un sujet très important et technique.

M. Christian Jacob. Et politique !

M. Stéphane Le Foll, ministre. J’ai soutenu le pôle d’excellence d’Angers sur les végétaux et je me suis déplacé à plusieurs reprises à l’occasion des différents salons qui s’y sont tenus. Vous avez soulevé la question des variétés de colza tolérantes à un certain nombre d’herbicides, qui ne sont pas des variétés génétiquement modifiées. Comme beaucoup, je condamne ce qui s’est passé, car il n’y avait pas de raison d’aller détruire ces expérimentations.

M. Christian Jacob. Mais si ces plans avaient été des OGM, il y aurait eu une raison ?

M. Stéphane Le Foll, ministre. Une plainte a été déposée, monsieur Jacob. Restez raisonnable, pour que les choses avancent !

Nous allons continuer à travailler sur ces questions liées aux herbicides.

M. Christian Jacob. On ne vous demande pas de baratiner, mais de répondre !

M. Stéphane Le Foll, ministre. Les résistances aux herbicides ne cessent de s’accroître. Nous avons donc un défi à relever. Il ne passera pas uniquement par ce qui a été fait, et qui était nécessaire, au niveau des expérimentations, mais par des stratégies plus globales qui supposent des changements de modèles de production. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

M. Guy Geoffroy. Ce n’est pas la question !

M. Stéphane Le Foll, ministre. Restons calmes ! (Mêmes mouvements.)

M. le président. Mes chers collègues, un peu de calme s’il vous plaît !

M. Stéphane Le Foll, ministre. La recherche est nécessaire et je condamne ce qui s’est passé.

M. Christian Jacob. Et la question ?

M. Sylvain Berrios. C’est du bla-bla !

M. Stéphane Le Foll, ministre. Mais sur ces questions, nous avons besoin de stratégies beaucoup plus larges pour lutter contre la résistance aux herbicides. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)

Lien : www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2014-2015/20150214.asp